Lettre au SNETP

Le « Sustainable Nuclear Energy Technology Platform » (SNETP) existe pour promouvoir la recherche, le développement et la démonstration des technologies de fission nucléaire dans l’Union Européenne.

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Le SNETP a lancé une consultation publique sur la mise à jour 2013 de son Agenda Stratégique de Recherche et Innovation (ASRI). Le projet de document est disponible sur son site internet.

Vous pouvez envoyer vos commentaires sur ce projet de document à  secretariat@snetp.eu avant le 10 janvier 2013.

Voici les miens :

De: Energie du Thorium <energieduthorium@gmail.com>
Date: 2013/1/8
Objet: Sauvegarder la recherche sur le thorium et les réacteurs à sels fondus dans l’Union Européenne
A: secretariat@snetp.eu

Madame, Monsieur,

Ayant suivi le travail du SNETP, j’étais très décu de trouver, après lecture du projet de document pour l’Agenda Stratégique de Recherche et Innovation (ASRI), qu’il diminue l’importance du cycle de combustible au thorium et des réacteurs à sels fondus (RSF). En effet, le changement du nom de ce document pour inclure le mot « Innovation » semblerait souligner le besoin grandissant d’explorer des technologies radicalement différentes.

Je vous recommande vivement de reconsidérer et de réintégrer dans l’ASRI 2013 les excellentes annexes sur les cycles de combustible au thorium et les systèmes de réacteurs à sels fondus. Je demande que l’ASRI 2013 intègre une discussion sur les réacteurs à sels fondus à neutrons thermiques ou rapides, conduisant à une recherche continue et élargie dans ce domaine et l’ajout d’au moins un concept de réacteur à sels fondus dans la feuille de route ENSII et le cadre de financement « Horizon 2020 » associé.

Étant donné que la sécurité et le combustible usé sont des priorités pour le SNETP, il est étrange que les cycles de combustible au thorium et les réacteurs à sels fondus ne reçoivent pas une attention plus importante dans l’ASRI 2013.

Les avantages potentiels des cycles de combustible au thorium étaient bien documentés dans l’annexe du SNETP. Comme le dit votre annexe, le thorium étant fertile il a toujours besoin de l’ajout de matière fissile, généralement de l’uranium hautement enrichi (UHE) ou du plutonium. Ainsi le combustible thorium, sous forme de sel fondu ou d’oxyde solide, serait un excellent moyen de réduire les stocks européens de déchets nucléaires. L’annexe SNETP reconnaît, au moment d’une demande mondiale croissante pour l’uranium, que les cycles alternatifs de combustible doivent être pris en considération. En outre le thorium, avec son point de fusion très élevé, est idéal pour les réacteurs à haute température et très haute température, qui tous deux seront essentiels à la réalisation de l’Initiative Industriel de Co-génération Nucléaire du SNETP.

Les RSF offrent des bénéfices exceptionnels en sécurité, y compris la régulation de température passive et une faible pression de fonctionnement. Le combustible liquide dans un RSF peut être transféré en toute sécurité dans les réservoirs de vidange à tout moment pendant le fonctionnement, si cela est nécessaire pour arrêter la réaction en chaîne. En outre, les sels fondus sont des liquides de refroidissement très efficaces avec une grande capacité thermique, ce qui permet une conversion thermique-électrique d’efficacité remarquable. Certains modèles de RSF comprennent un retraitement en ligne du sel qui permet l’élimination continue des produits de fission, et une consommation élevée du combustible. Associés au thorium comme combustible abondant, les RSF produiront très peu de déchets de haute activité, et presque pas de plutonium.

Pour revenir sur quelques parties spécifiques du projet de document que je trouve être de préoccupation particulière :

p10: « En ce qui concerne l’évaluation 2010 des technologies, le sodium est toujours considéré comme la technologie de référence parce qu’il bénéficie d’un retour d’expérience plus important sur la technologie et avec des réacteurs opérationnels » : Sûrement, le critère principal pour l’évaluation des technologies de réacteurs devrait être leur capacité à remplir les objectifs ambitieux du SNETP ?

p5: « La sécurité des installations nucléaires est le résultat d’un processus permanent d’amélioration » : Des améliorations de sécurité majeures peuvent également être obtenues en adoptant une nouvelle technologie de rupture.

p26: « Bien que techniquement possible, le cycle de combustible basé sur le thorium (…) n’est pas mis en œuvre à une échelle industrielle aujourd’hui dans les pays européens »: On ne l’a pas fait, donc on ne peut pas le faire ?

p29: « Une stratégie intéressante pour le long terme pourrait être l’association de technologies de réacteurs à sels fondus (RSF), à neutrons thermiques ou rapides, avec le cycle de combustible au thorium » : Le document ne semble offrir aucune justification de pourquoi cela devrait être une stratégie « long terme ».

p71 (tableau 2): Merci d’ajouter une ligne pour les réacteurs à sels fondus, qui seraient très appropriés pour les applications de chaleur industrielle.

Depuis plus de quarante ans, l’Europe a été le centre mondial de recherche et développement pour le thorium et les RSF, avec des programmes novateurs à travers l’Europe, en France, en République Tchèque, l’Allemagne, la Norvège, le Royaume-Uni et dans d’autres pays. Depuis un an l’intérêt international pour le thorium et les RSF a été réveillé. La Chine, l’Inde et le Japon ont annoncé, ou sont sur le point d’annoncer, des projets de recherche sur les réacteurs à sels fondus et au thorium. A ce moment critique et passionnant, je vous demande de confirmer la présence des chercheurs européens à la pointe de la recherche et de la commercialisation du thorium et des RSF.

Le thorium et les réacteurs à sels fondus, en complément des technologies nucléaires existantes ont un rôle clair à jouer dans un écosystème d’avenir d’énergie nucléaire. Le monde a besoin d’une industrie nucléaire européenne qui accepte des solutions innovantes en continuant à améliorer les technologies existantes. Ce n’est pas le moment pour l’Europe d’abandonner ou de reléguer la recherche sur les réacteurs à sels fondus et le thorium. Les chercheurs nucléaires en Europe ont l’opportunité d’être les leaders mondiaux dans le développement et la commercialisation d’une nouvelle technologie majeure d’énergie à faible émission de carbone, avec de grands avantages pour le monde. Nous ne devons pas laisser cette opportunité nous échapper. J’espère que vous serez d’accord pour réinsérer les réacteurs à sels fondus et le thorium dans l’ASRI 2013. Je vous remercie de votre attention.

Je vous prie Madame, Monsieur, d’agréer l’expression de mes sentiments distinguées.

John Laurie

Nota : La version originale de cette lettre a été envoyée au SNETP en anglais.
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La conférence ThEC13 au CERN

Le Globe au CERN à Genève en Suisse sera le point de rencontre pour la conférence ThEC13, du 27 au 31 octobre 2013.

Globe CERN extérieurLa conférence sera organisée par le « international Thorium Energy Committee (iThEC)« , récemment créé à Genève, en partenariat avec iThEO.

L’objectif de ThEC13 est de passer en revue les technologies de l’énergie du thorium, du R&D jusqu’aux développements industriels. La conférence couvrira l’amont et l’aval du cycle de combustible au thorium, l’utilisation du thorium dans les réacteurs critiques ainsi que les systèmes sous-critiques avec accélérateur, avec un accent particulier sur les développements dans les accélérateurs et la destruction des déchets nucléaires.

Suite au succès des conférences précédentes ThEC10 (Royaume-Uni), ThEC11 (Etats-Unis) et ThEC12 (Chine), iThEC souhaite rassembler les acteurs régionaux dans le développement des systèmes de l’énergie du thorium, pour faire le point sur les activités et promouvoir la coopération.

L’enregistrement est ouvert entre le 12 février et le 27 septembre 2013.

CERN globe intérieur.pngTexte : traduit du site indico.cern.ch

 

Images : Wikipedia, CERN