Vendredi 28 mai, la ministre Barbara Pompili du ministère français de la Transition écologique et la secrétaire Jennifer Granholm du ministère américain de l’Énergie ont publié une déclaration commune portant sur la technologie énergétique et la résolution politique.
Ce document parle de « innovations de rupture », « ambition commune » et « systèmes énergétiques […] efficaces et fiables, intégrant des parts plus importantes d’énergies renouvelables couplées à l’énergie nucléaire ».
Il affirme que « la France et les Etats-Unis s’engagent à travailler ensemble sur les nouvelles technologies et la transition énergétique en cours afin de contribuer de manière significative à des solutions de production zéro carbone. Les systèmes électriques décarbonés et innovants, qui peuvent inclure des technologies d’énergie nucléaire innovantes ou de nouvelles conceptions, telles que de petits réacteurs modulaires, micro et autres réacteurs avancés, contribueront à l’expansion des énergies renouvelables, soutiendront l’électrification rurale, produiront de l’hydrogène pour décarboniser les transports et d’autres secteurs énergétiques, aideront à fournir de l’eau potable aux régions en manque d’eau et soutiendront une gamme d’applications industrielles plus propres. »
« Je détermine ce dont le monde a besoin, puis je cherche à l’inventer. »
– Thomas Edison
En 2015 le monde a besoin, plus que jamais, d’une source d’énergie qui est fiable, sûre, durable, propre et bon marché.
« Notre avenir énergétique est défini par une montagne. Cette montagne se crée et se construit devant nous, et va être construite sur les deux prochaines décennies, pour la prochaine génération.
[Cet avenir] est basé sur une demande croissante d’énergie primaire dans les économies non-OCDE. Cette demande d’énergie est construite par six milliards de personnes, qui désirent le mode de vie de la classe moyenne que nous avons aujourd’hui en Occident.
Si l’économie mondiale va fournir cette énergie pour répondre à ce désir, il faut énormément d’énergie propre. »
Terrestrial Energy est une entreprise privée canadienne avec plus de 30 personnes, qui cherche activement à inventer ce dont le monde a besoin, à travers la technologie des réacteurs nucléaires à sels fondus. Dans une présentation en avril 2015 son PDG Simon Irish a expliqué, du point de vue d’un financier, l’énorme opportunité économique offerte par cette technologie.
« La fourniture d’énergie mondiale est probablement 5% du produit mondial brut, $3,500,000,000,000 par an.
La valeur des fonds propres des compagnies d’énergie d’aujourd’hui est de $5,000,000,000,000, qui est 7,6% de la capitalisation boursière du monde. La valeur d’entreprise de ces sociétés est encore plus. Il y a de gros enjeux au cours des deux prochaines décennies dans cette zone. »
« Si on pouvait conquérir [le marché de remplacement des centrales à charbon] d’une manière incontestée avec un petit réacteur modulaire, compétitif par rapport aux alternatives aux combustibles fossiles, ce serait une opportunité très, très importante. »
Le produit en développement chez Terrestrial Energy est nommé « Réacteur Intégral à Sels Fondus« (en anglais: Integral Molten Salt Reactor, IMSR). C’est un petit réacteur modulaire qui a l’objectif d’être le plus simple et le moins cher possible, pour démocratiser l’énergie auprès d’une population la plus large possible, et ainsi lutter contre le réchauffement climatique et accroître la prospérité de l’humanité.
L’opportunité économique que représente cette technologie est décrite en plus de détail sur le site internet de Terrestrial Energy. En mai 2015 il était indiqué sur ce site que « L’IMSR peut produire de l’énergie à un coût moyen actualisé de $0,04 / kWh », une phrase retirée depuis mais qui représente certainement l’ambition de l’entreprise.
Imaginons pour un instant un monde où l’électricité propre coûte $0,04 / kWh…
L’IMSR se décline en 3 tailles, pour conquérir différents segments du marché de l’énergie.
L’IMSR80 génère 80 mégawatts de chaleur, ou 33 mégawatts d’électricité
L’IMSR300 génère 300 mégawatts de chaleur, ou 141 mégawatts d’électricité
L’IMSR600 génère 600 mégawatts de chaleur, ou 291 mégawatts d’électricité
La taille relativement petite de ces réacteurs permettrait de les construire en usine et les livrer préfabriqués sur le site d’une centrale nucléaire, en contraste avec les grands réacteurs proposés par l’industrie nucléaire traditionnelle, tel que l’EPR d’Areva (maintenant EDF…) avec ses 4500 mégawatts de chaleur et 1650 mégawatts électriques.
Mais les économies d’échelle offertes par une production en série des réacteurs sont éclipsées par l’opportunité présentée par le changement d’un combustible nucléaire solide à un combustible LIQUIDE. Dissoudre l’uranium ou le thorium dans un mélange de sels fondus permet de concevoir un système d’énergie qui fonctionne à pression atmosphérique, avec des substances qui sont chimiquement très stables. En effet, la chimie des sels fondus offre une première barrière de confinement efficace pour les produits de la réaction de fission. Et cette sécurité intrinsèque permet de concevoir un système bien moins cher.
Le coût de l’électricité nucléaire est largement dominé par le capital nécessaire à la construction d’une centrale. A l’opposé d’une centrale thermique, le combustible nucléaire représente une petite fraction du coût global de l’énergie produite. Et il y a une relation directe entre l’investissement de capital nécessaire pour construire un système d’énergie nucléaire et le profil de sécurité intrinsèque du système de réacteur.
CAPEX = ƒ (profil de sécurité intrinsèque du système de réacteur)
David Leblanc, président et directeur technique de Terrestrial Energy a parlé du développement de l’IMSR à la conférence TEAC7 sur l’énergie du thorium, en juin 2015 (voir cette video). Il présentera un nouvel aperçu au symposium de la World Nuclear Association, le 10 septembre 2015 à Londres.
En tant qu’entreprise privée, Terrestrial Energy ne communique pas sur le niveau d’investissement qu’ils ont obtenu. Mais regardons une sélection des personnes qu’ils ont nommées au sein de leur conseil d’administration, équipe de management et conseil consultatif international (cliquez sur les images pour plus d’information) :
Certaines de ces personnes ont occupé des postes aux plus haut niveaux des administrations, institutions et entreprises de l’Amérique du nord. Clairement, ils sont convaincus de la nécessité de poursuivre cette technologie activement. Les réacteurs à sels fondus de Terrestrial Energy et d’autres jeunes entreprises pourraient bien représenter l’opportunité du 21ème siècle.
Bienvenue sur ce blog qui a pour but de promouvoir le thorium comme énergie du futur et comme solution aux problèmes énergétiques de notre planète.
Les réacteurs nucléaires à sels fondus permettront de libérer l’énergie du thorium et de la convertir en électricité, chaleur, ou carburants liquides, avec un cycle de vie maîtrisé.
Ce site doit permettre de centraliser la veille technologique, promotion, éducation, veille politique et communication en français autour de cette fission liquide, pour préparer la conduite de changement nécessaire à son déploiement en France et dans les pays francophones.
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