Déjà vu ?

Alors qu’un quinquennat touche à sa fin, un sentiment de lassitude s’installe après le débat télévisé ce mercredi qui précédait le scrutin du second tour de l’élection présidentielle française. Les mêmes vieilles querelles entre la gauche et la droite de l’échiquier politique. Les mêmes vieilles batailles entre modérés et extrémistes. Et la même attente : que la prospérité humaine continue d’augmenter, et que le débat social tourne autour de la manière de répartir cette prospérité.

Il n’est pas surprenant que l’abstentionnisme et les votes blancs soient si populaires. Les gens se sentent déconnectés de ces débats politiques et ont le sentiment que quel que soit le vainqueur, peu de choses changeront.

Et les domaines politiques où cette lassitude est la plus présente sont l’écologie, le changement climatique, et la politique énergétique. Les conférences COP se succèdent les unes après les autres, de même que les rapports alarmistes du GIEC. Pourtant, les dirigeants semblent impuissants face à l’ampleur du défi : arrêter d’envoyer dans notre atmosphère les déchets toxiques que sont les gaz à effet de serre.

C’est un problème mondial. Ce qui se passe dans un pays comme la France a relativement peu d’impact par rapport à celui des mammouths démographiques d’Asie et, de plus en plus, d’Afrique.

Ce quinquennat a vu se dessiner un consensus international sur le problème (les gaz à effet de serre), et ses causes (les activités humaines), mais rien de satisfaisant n’a émergé sur les solutions à appliquer. En même temps, la concentration de dioxyde de carbone dans notre atmosphère a augmenté de douze parties par million.

En effet, alors que la plupart des gens s’accordent à dire qu’une croissance infinie est impossible sur une planète aux ressources finies, le débat sur les solutions à appliquer est polarisé.

Il y a ceux qui pensent que l’effondrement de notre civilisation est inévitable, et que les humains doivent évoluer pour réduire drastiquement leur consommation d’énergie – c’est la collapsologie.

Et il y a ceux qui pensent que notre civilisation peut continuer à progresser, à condition de trouver des façons de découpler les activités humaines de leur impact sur la nature – c’est l’écomodernisme.

La collapsologie et l’écomodernisme sont deux philosophies écologiques qui sont diamétralement opposées.

Nous avons énormément à apprendre sur la collapsologie en étudiant l’écomodernisme, comme nous avons énormément à apprendre sur l’écomodernisme en étudiant la collapsologie.

Une des caractéristiques de la collapsologie est le refus, ou le déni, de la capacité des humains à innover. Les personnes qui adhèrent à cette philosophie ont tendance à projeter dans l’avenir les capacités techniques, économiques et sociales actuellement à la disposition des humains, et à prédire ainsi l’effondrement de la société. En contraste, l’écomodernisme dit :
« …nous écrivons ce manifeste animés par la conviction que le savoir et la technologie, appliqués avec sagesse, pourraient permettre que ce soit un bon, voire remarquable, Anthropocène. Un bon Anthropocène exige que les humains utilisent leurs capacités techniques, économiques et sociales, sans cesse grandissantes, pour améliorer la condition humaine, stabiliser le climat, et protéger la nature. »

Les capacités des humains d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain, tout comme elles ne sont pas celles d’hier.

Au fur et à mesure que la crise écologique s’approfondit, les gens se lassent du débat socio-politique traditionnel entre la droite et la gauche. La distribution de la prospérité n’a plus de sens si la prospérité elle-même est menacée par les impacts écologiques des activités humaines. Nous devons reconnaître alors la stérilité de ce débat et instaurer en parallèle un débat socio-écologique pour déterminer quelle quantité de prospérité est possible sur une planète finie.

Le débat sociétal de ce siècle n’est plus entre gauche et droite, mais entre collapsologie et écomodernisme.

On pourra alors contraster cette échelle de la pensée écologique avec celle de la pensée politique :

Où situez-vous votre pensée dans ce rectangle ?

Le débat sur le problème du réchauffement climatique et ses causes est terminé. Celui sur les solutions à appliquer pour assurer la transition écologique vient à peine de commencer. C’est un débat qui tourne en permanence autour d’une question centrale : comment produire, transporter et consommer de l’énergie décarbonée bon marché ?

Imaginons, par exemple, que les humains soient capables d’innover en prenant une technologie existante de production d’énergie qui est pilotable, puissante, efficace, et qui a de faibles impacts sur la nature. Et que par un changement de l’état de son combustible ils soient capables de répondre aux problèmes de cette technologie – sa sureté, son coût, son temps de construction, ses déchets…

Quand la société et les médias se saisiront-ils du débat entre collapsologues et éco-modernistes ?

10 nouveaux paradigmes

Le Groupe Professionnel Centrale-Énergies a organisé le 13 juin 2018 à Paris une conférence-débat sur le thème : « Les Réacteurs à Sels Fondus : une filière pour le nucléaire du futur ? »

En compagnie de Daniel Heuer (directeur de recherche au CNRS et responsable du projet MSFR), Guillaume Campioni (Ingénieur-chercheur au CEA) et Dominique Grenèche (Nuclear Consulting), John Laurie a donné une présentation avec le titre « Fission Liquide – 10 nouveaux paradigmes », dont voici la vidéo :

Vous trouverez également par les liens suivants :

Un grand débat national sur la transition à l’énergie du thorium ?

C’est la rentrée ! Le gouvernement français organise un grand débat national sur la transition énergétique, avec d’abord une conférence environnementale les 14 et 15 septembre qui arrêtera la méthode de ce débat.

rencontre avec les ong

Si vous lisez cet article, vous êtes peut-être une des personnes qui participera à cette conférence (partis politiques, ONGs, entreprises etc….). Alors prenez quelques minutes pour vous familiariser avec les avantages offerts par le thorium et les réacteurs à sels fondus en regardant cette vidéo.

  • Le thorium est abondant et pas cher. Il en existe assez pour satisfaire les besoins énergétiques de la planète pendant des millénaires.
  • Les réacteurs à sels fondus (RSF) seront moins chers à construire et à exploiter du fait de la simplicité relative de leur conception, comparés aux réacteurs actuels de génération 2 et 3. Les RSF peuvent également fournir une énergie moins chère que les combustibles fossiles.
  • Un RSF a un niveau de sécurité impressionnant. Le combustible est un liquide à pression atmosphérique, donc une fusion du coeur ou une perte de pression du liquide de refroidissement est impossible. Les sels de fluorure sont chimiquement stables et ne réagissent pas avec l’air ou l’eau.
  • 99% du combustible peut être converti en énergie, comparé aux réacteurs à eau légère actuels (0,5% à 0,7%).
  • Le fonctionnement avec un combustible liquide permet de séparer les produits de fission des transuraniens et de réinjecter ces derniers dans le réacteur pour produire  de l’énergie. Les déchets seront stabilisés après quelques centaines d’années, au lieu de 10,000 ans environ avec les déchets des réacteurs actuels.
  • L’opération à haute température permet de convertir 45 à 50% de l’énergie en électricité, au lieu de 33% pour les réacteurs à eau légère.
  • Différentes configurations de RSF sont possibles : petite ou grande échelle, surgénérateur ou « brûleur », à neutrons rapides ou thermiques, pour la production d’électricité ou de chaleur industrielle, avec combustible uranium, plutonium ou thorium (même si le thorium reste l’optimum).

Si on souhaite réduire la part du nucléaire dans la génération électrique à 50% en France, orientons le grand débat vers une transition à l’énergie du thorium, de sorte que ces 50% soient générés avec une forme d’énergie nucléaire renouvelable et durable.

Bonne rentrée à tous !

Le nucléaire, filière d’avenir : tout le monde a raison !

Ca y est, le grand débat sur la transition énergétique a démarré, avec les propos d’Arnaud Montebourg sur BFMTV dimanche, qui a qualifié le nucléaire de « filière d’avenir« .

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Ses remarques sont-elles vraiment en opposition avec les promesses du président de la république? Tout dépend de l’interpretation du mot « RENOUVELABLE« .

Si une source d’énergie qui a le potentiel de fournir l’ensemble des besoins énergétiques de l’humanité pendant au moins 1000 ans est considérée comme étant renouvelable, et bien l’énergie du thorium, libérée par un réacteur à sels fondus est renouvelable. Ce n’est pas le cas des réacteurs actuels de génération deux et trois qui utilisent l’énergie de l’uranium de manière inefficace.

Vu de cette façon, monsieur Hollande, qui a promis aux français qu’il favoriserait « la montée en puissance des énergies renouvelables en soutenant la création et le développement de filières industrielles dans ce secteur. » a raison.

Et monsieur Montebourg qui dit que le nucléaire est une filière d’avenir a raison aussi !